Troisième blessure
Troisième blessure |
Certificat de visite pour sa troisième blessure. Cette blessure, très grave, ne figure pas sur son livret militaire ! Mais plusieurs autres documents (en dehors de ceux-ci) l'attestent. Par ailleurs, je n'avais pas besoin de document pour le savoir, puisque j'ai très bien connu l'intéressé, qui a survécu à toutes ces horreurs. Malheureusement, il ne me reste que cette page pour ce document ! Partie supérieure - Carma (?). Au crayon, en haut à gauche du document. je ne comprends pas ce terme. - Boizard Joseph Aucune information sur la raison de l'admission à l'hôpital. - Paris, le 7 avril 1918 Tampon Hôpital Militaire ????
Dans la partie basse, observations du médecin traitant au moment de la sortie. - Plaie de la face par balle. - Du fait des nopérations de guerre. - Proposé pour un mois de convalescence avec retour au centre.
Remarques à propos de ce certificat. Ce billet n'est pas le billet d'entrée à l'hôpital, mais un billet de sortie en convalescence. C'est donc un billet retraçant un petit bout du parcours de mon soldat dans sa vie de grand blessé. Nous y apprenons plusieurs choses, depuis sa deuxième blessure (février 1915). Il a d'abord changé de régiment : il est désormais au 277ème Régiment d'Infanterie. Il est entre-temps passé caporal. Et nous avons très vraisemblablement sa date d'arrivée à l'hôpital, à Paris : le 7 avril 1918. Nous ne savons pas à quelle date lui a été proposé ce mois de convalescence, avec retour au centre à sa finalité. Mais nous avons des détails terrifiants de la blessure subie; plus exactement, des dégâts causés par... une balle, une fois de plus. Ainsi, ses trois blessures lui auront été infligées par balles, et toutes du côté gauche (bras gauche, genou gauche, oeil gauche). Cette fois, il n'est pas dans un hôpital de sa Région Militaire, ni de son dépôt. Il est sur Paris. Ce choix est très certainement en rapport avec la gravité de sa blessure.
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Autre Certificat de visite pour sa troisième blessure.
Partie gauche, le certificat de visite ("à conserver par l'intéressé"). - Boizard Joseph Capl cl.1909 ----> Caporal Classe 1909 Blessure de guerre le 5 avril 1918 par balle A Paris, le 2/12/1919 Tampon Hôpital Militaire .......GIRARD (?) Dans la partie basse, avec suite au verso, observations du médecin traitant au moment de la sortie. - Vaste mutilation de la face par balle. Blessure du fait des opérations de guerre. - Paris, le 2 avril 1920 Signé Le Médecin traitant, Chouquet
Remarques à propos de ce certificat. On en apprend un peu plus.... Il faisait partie de la 5ème Compagnie de Mitrailleuses dans le 277ème R.I. Et on retrouve le bon matricule 04874. Il a été blessé le vendredi 5 avril 1918. 36 ans plus tard, jour pour jour, sa fille (pas encore née) avait la joie -ou la douleur- de me faire atterrir sur cette "belle" terre....! Je lui ai demandé dans quelles circonstances il a reçu cette balle. Il m'a dit qu'ils marchaient en colonne le long de la lisière d'un bois, et que son sac s'est accroché aux branches, lui faisant baisser la tête pour le décrocher. C'est à ce moment, alors qu'il penchait son corps en avant, qu'il a reçu la balle. C'est tout ce dont il se souvenait. La balle n'est pas arrivée à sa perpendiculaire, mais "de biais"; elle a pénétré le côté gauche de sa tête au niveau bas de l'oeil, a sans doute en même temps arraché l'oeil, a labouré la partie supérieure du nez en la traversant, et est ressortie au-devant de l'autre oeil sans le toucher. Si sa trajectoire avait été droite, elle aurait labouré l'autre côté du visage de la même façon, mais il est resté intact. Les photos que je vous montrerai ultérieurement sont éloquentes. Ce billet est daté du mardi 2 décembre 1919. 605 jours après sa blessure, pratiquement 1 an et 8 mois... Plus d'une année après la signature de l'armistice. Il est encore là, dans les hôpitaux. Remarquez, à la lecture des opérations subies, ce n'est pas très étonnant. Donc, ce deux décembre 1919, il rentre à nouveau à l'hôpital. Il se pourrait que ce soit la ré-admission faisant suite au mois de convalescence qui lui a été octroyé sur le billet précédent ? Possible, mais pas prouvé. Il vient pour quatre mois supplémentaires... En effet, le billet de sortie est daté du 2 avril 1920. Deux ans après avoir reçu sa troisième balle ! A noter que, blessé le 5 avril 1918 sur le champ de bataille, il était admis le 7 avril à l'hôpital à Paris. Deux jours à être balloté de gauche à droite avec une telle blessure, c'est à la fois terriblement long, mais en même temps rapide et efficace compte tenu du nombre de blessés quotidiens ! Bravo à tous ceux qui l'ont transporté (compagnons d'arme, brancardiers, etc, etc...), auxquels je ne peux que rendre hommage. Sinus maxillaire. Les sinus maxillaires (antres d’Highmore) sont deux cavités occupant le tiers moyen de la face de part et d’autre des fosses nasales, en dessous des orbites et latéralement au dessus des secteurs prémolo-molaires. Le sinus maxillaire croît très rapidement dans l’enfance jusqu'à l’âge de 12 ans, et croît plus lentement après, pour se stabiliser avec l’éruption des dernières molaires. Il occupe progressivement le volume osseux libéré par les dents. Rhinoplastie. La rhinoplastie est une opération chirurgicale qui vise à modifier la structure du nez externe. Elle peut être motivée par des problèmes fonctionnels ou par un souci esthétique. La première rhinoplastie a été pratiquée au XIXe siècle par Jacques Joseph. Greffe ostéo-périostée. La méthode de greffe ostéo-périostique s'appliquait pour l'essentiel à la réparation des pertes de substances osseuses plus ou moins étendues. Il ne s'agit pas d'une innovation thérapeutique mais de l'adaptation d'un procédé classique. En effet, particulièrement employée dans la chirurgie des membres avant 1914, son indication se trouve étendue pendant la guerre grâce à l'initiative du Dr Delagenière, médecin-chef du centre de chirurgie maxillo-faciale du Mans. Blépharoplastie. La blépharoplastie est une opération de chirurgie esthétique permettant de corriger des problèmes de paupières tombantes qui donnent un aspect vieilli et fatigué au visage. Hôpitaux. Hôpital miliraire de Vaugirard ? C'est possible. En effet, de 1914 à 1918, les locaux de l'ancien petit collège des Jésuites abritèrent un hôpital militaire, franco-brésilien, où des chirurgiens brésiliens étaient venus soigner nos blessés avec un matériel chirurgical offert par leur pays. En tout cas, sur les deux billets, le médecin ayant signé est le même. Maintenant, si le premier billet correspond effectivement à l'envoi en convalescence ayant précédé ce billet, il daterait de novembre 1919.
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