Ce matin, départ du camping à 10h. Il fait un temps superbe.
Je suis complètement perdu - je sais exactement où je me
situe géographiquement en coordonnées GPS, mais je n'ai
pas de carte détaillée, et je dois rejoindre "au pif"
la route principale qui longe la côte en retrait. Or, après
5 minutes de scooter, je suis perdu sur des routes n'ayant même
plus de revêtement (gravier tassé). Je longe des propriétés
immenses, entourées de grillage, miradors et fils de fer barbelés,
parfois de gros molosses me poursuivant en hurlant de l'autre côté
du grillage... De plus, le brouillard tombe de façon rapide, et
devient de plus en plus dense, au point que je ne vois plus grand chose,
et que j'ai vraiment froid: je stoppe pour extraire ma grosse veste, car
je démarre systématiquement en tea-shirt depuis plusieurs
jours tellement il fait chaud!
C'est absolument irréel. J'ai l'impression de me trouver en Amérique
du Sud, au Brésil, et je m'attends à voir déboucher
d'un instant à l'autre des barbouzes en tenue de para avec de grosses
moustaches et de grosses mitraillettes.
Enfin, au bout de 15 minutes de stress, je tombe sur la bonne route! Quand
je regarderai ce soir le chemin parcouru, je m'apercevrai que, tout compte
fait, j'avais super bien roulé, et dans la bonne direction!
Dans la ville de Santana. La brume se lève et la chaleur revient
instantanément. J'ai pris cette photo pour vous montrer ce nuage
de condensation qui se trouve dans la Serra de Arrabida.
Magnifique forêt de pins parasol. Il faut dire que j'adore cet arbre.
Je suis en train de grimper (enfin, non, le scooter grimpe, je suis confortablement
assis sur lui, et c'est le pied) dans la Serra de Arrabida, et le parc
naturel de même nom.
Que vois-je? Horreur, la brume est là, sous mes pieds. Ce qui veut
dire que les paysages vont disparaître... Adieu les photos, je crois
que je vais être bien malheureux... Et vous aussi.
Majestueux, cet arbre au milieu de la route. Je prends
à droite, par la montagne.
Dommage que je n'ai pas le temps, car le paysage du
haut de cette arête doit être fantastique.
Portinho
da Arrábida. L'atmosphère est irréelle. Il n'y
a pas un bruit, pas un chat, pas un souffle d'air.
L'eau ici est cristalline et réputée pour la pêche
sous-marine. Ces cocotiers dans la brume: Portugal ou Caraïbes?
Des buissons de cactus, vus en remontant de la crique
de Porthino de Arrabida. Car cette crique est un cul-de-sac.
Et voilà. Je suis remonté sur la route
en corniche; je retrouve le plein soleil, les nuages sont sur la côte!
La route est superbe, n'est-ce-pas? Cependant, je dois dire que pour admirer
le paysage, je préfère m'arrêter, car je n'ai aucune
envie de faire le plongeon, si vous voyez ce que je veux dire.
Convento de Arrabida. C'est un monastère franciscain
du 16ème, flanqué de 5 tours rondes.
Je distingue un peu la route en bas, qui était
fermée à la circulation lorsque je suis passé.
Alors, imaginons cette mer bleue foncée à
la place de ces nuages blanc crémeux... C'est beau quand même!
Il y a des belvédères un peu partout.
C'est génial, et très sécurisant. Petit cliché
vers l'arrière.
La garrigue a brûlé; était-ce pendant
l'été torride de 2003, ou avant? On voit très bien
la route du dessous.
C'est tellement triste! Mais heureusement, la nature
reprendra ses droits, ce n'est qu'une question de temps.
J'entame la descente de la "serra" vers Setubal,
la ville dont le nom déjà me fait rêver.
Voilà, je suis sur le ferry de Setubal, prêt pour la traversée.
Il est déjà 12h30, mais c'est normal, il fallait attendre
le ferry. J'ai eu droit aux marchands voulant me vendre des montres, des
appareils photo, des caméscopes... Non, je n'ai besoin de rien. De
Setubal, je n'ai rien vu, car tout est dans la brume, ce que je craignais
en descendant de la "serra".
Je prends le ferry pour traverser la baie de Setubal, et rejoindre la
péninsule de Troia - encore un nom qui fait rêver.
En fait, je peux venir sur cette péninsule par la route, mais il
me faut alors contourner tout l'estuaire du Sado, ce qui représente
un petit détour de l'ordre de 100 km, ce qui n'est pas une mince
affaire. De plus, comme il s'agit d'une réserve natuerelle, avec
des marais et tout ce qui va avec, il est clair qu'il me faut une journée
entière pour tout voir, car il n'est pas question de faire l'impasse
sur les coins que je traverse.
Par conséquent, ayant déjà visité
avant-hier la Ria de Aveiro, j'avais décidé de continuer
plein Sud par le ferry.
Vu depuis le ferry, en quittant le port: les marins
réparent leurs filets.
Mon seul souvenir de Setubal: cet alignement de cocotiers
sur le port, dans la brume.
Vue sur la Serra da Arrabida, dans laquelle j'étais
ce matin, et qui est en plein soleil. Vous voyez les nuages sur l'eau!
La péninsule de Troia: c'est une bande de sable d'environ 15 km
de long et de 0,5 à 1,5 km de large, plantée de pins maritimes,
qui barre en fait une grande partie de la baie de Setubal. La voici, j'y
arrive. Ces immeubles sur la pointe de la péninsule sont une véritable
horreur!
A gauche, la pointe de la péninsule de Troia.
En face, derrière le nuage sur l'eau, la Serra da Arrabida!
Pour vous situer, le ferry avance vers la gauche.
Soudain, un cri. Je regarde dans la direction indiquée: des dauphins.
Je reçois un choc. C'est la première fois de ma vie que je
vois ces poissons libres, dans leur élément naturel. C'est
une vision absolument merveilleuse.
Ce nuage sur l'eau calme comme un lac: c'est complètement
surréaliste, avec les dauphins et l'éclat du soleil au fond!
J'ai lu dans un guide que des ruines romaines se trouvent tout près
de là. Cette région était même déjà
habitée par les Phéniciens, 6 siècles avant les Romains!
Je cherche donc une route qui y conduit, mais la bande de sable est si étroite
que ce ne doit pas être une route. Je ne trouve rien.
Alors que je suis arrêté en train de prendre des photos, une
voiture stoppe à ma hauteur: ce sont deux jeunes portugaises me demandant
si je connais l'endroit où sont les ruines romaines...
Je viens de faire une dizaine de km depuis la pointe de la péninsule.
Je suis pratiquement dans la partie la moins large. D'un côté,
vers l'Océan Atlantique, ces quelques dunes et toujours le nuage
de vapeur se déplaçant au gré des courants d'air;
au soleil, il fait vraiment très chaud.
De l'autre côté, c'est un marais qui me sépare d'une
autre petite péninsule de sable s'avançant dans la baie!
Quelques km plus loin, j'arrive au bout de la péninsule.
C'est un bras du Rio Sado qui meurt ici.
Vous voyez encore la brume de chaleur
qui se déplace dans les pins, sur la dune.
Vous le savez maintenant, j'aime beaucoup ces paysages
de marais, et je regrette de ne pas y rester quelques heures.
Puis je quitte le grand marais pour m'enfoncer dans la grande forêt
de pins maritimes. Je suis à nouveau sur le continent, la grande
péninsule est maintenant derrière moi. Soudain, quelque chose
attire mon regard, et je manque tomber de stupéfaction alors que
j'appuie des deux mains sur les freins. Regardez plutôt.
Oui, vous avez bien vu, ce sont des cigognes. Je suis d'autant plus
stupéfait que je ne m'y attendais pas du tout.
Ces oiseaux sont tout simplement imposants de par leur taille. Pour
nous Français, ils sont tellement souvent associés à
l'Alsace que c'est toujours une énorme surprise que de les voir
ailleurs. De les voir là, peu de temps après avoir vu
les dauphins, c'est pour moi très émouvant. Non, je ne
suis pas dans un zoo, et c'est ça qui me rend heureux.
Cette fois, le nuage de vapeurs a définitivement
disparu. Je retrouve le grand ciel bleu. La route est sublime!
Dans quel pays tropical suis-je? Des cactus servent
de haie aux limites des terres de cette ferme.
Des vaches, dans le lointain, sont dans des prés parmi les pins
parasols.
Je suis surpris par les bâtiments: ce sont de longues maisons basses,
exactement comme en Vendée!
Et un magnifique olivier, qui j'espère restera toujours dans son
pays, et ne sera pas rapatrié en France comme tant de ses frères
espagnols!
Encore un magnifique spécimen de pin parasol, sur la route près
de Melides. Je n'ai pas eu le courage de m'arrêter à chaque
superbe pin, mais vous pouvez me croire sur parole, j'en ai vu des... je
suis vert, j'hallucine... énormes!
Là aussi, la campagne se vide de ses habitants. Je me répète,
mais ce pourrait aussi bien être une maison à Saint-Gilles-Croix-de-Vie
ou à Saint-Jean-de-Monts, c'est absolument identique!
Je vois sur la carte Santo André, avec une route conduisant à
la mer. Comme je ne l'ai pas vue depuis longtemps, et que la distance n'est
pas énorme (environ 3 km, qu'il faudra refaire en sens inverse, cul-de-sac
oblige), j'y vais.
La dune bordant le littoral est
assez haute, et il n'y en a qu'une.
Cul de sac, je vous l'avais bien dit!
On ne marche pas n'importe où, et c'est bien.
C'est le seul moyen de protéger la nature des dégradations
humaines.
Le parasol de Santo André. Les poubelles de Santo
André. L'immense plage de Santo André, presque vide!
Derrière le cordon dunaire, une petite lagune
protégée; une marais de roseaux bruissant dans le vent.
C'est beau.
Le port de pêche de Sines. Il y a du monde: ça
parle, ça travaille, ça peint, ça répare,
ça discute.... ça vit.
Je ne pense pas que celui-ci retournera à la
mer, à moins que ce ne soit au fond...
Et là, où se croirait-on? Je dirais, sans hésiter,
à Tunis. Perdu, je le répète, c'est Sines. Mais c'est
vrai que l'on ressent profondément, sur cette photo, le mélange
des architectures arabes et européennes.
Les bateaux arrivent chargés de poisson, les
mouettes ne s'y trompent sûrement pas! Il y en a des centaines.
Quelle éclatante blancheur! Avec ce ciel bleu
foncé, le contraste est saisissant. Et les palmiers à côté!
Le grand-père de mon scooter. Je les ai laissés un moment
ensemble, ils avaient tant de choses à se dire, malgré la
barrière de la langue. En effet, ils sont tous les deux du Sud, alors
pensez donc...
Bon, je quitte le port pour faire le tour de cette superbe
baie. C'est splendide, et tellement calme fin septembre!
Les parasols sur la plage ont une touche très
exotique.
De l'autre côté de la petite baie; vous
reconnaissez sûrement le château, vu sous un autre angle!
Finalement, je suis resté plus d'une heure au
pied du château, à rêver et casser une petite graine.
Le littoral à la sortie de Sines, est moins propre,
dommage!
Environ 12 km plus loin, la route, après s'être éloignée,
revient sur la côte. Et quelle côte. C'est tellement beau
que je n'ai plus envie de bouger. C'est décidé, ce soir,
je m'arrête de bonne heure, maintenant, tout de suite.
Il y a là un terrain de camping, je m'y précipite.
Des champs de plantes grasses, maintenant. C'est dingue!
J'adore. Ces maisons font face à l'Océan.
C'est Porto
Covo. Un merveilleux souvenir. Je vous laisse admirer la qualité
du lieu.
Le proprio était très sympa; il m'a prêté une
grande rallonge car la mienne était trop petite. Le camping
est presque plein. Près de moi, d'un côté, un couple
de jeunes Portugais, en voiture, n'ayant aucune envie de discuter. De l'autre
côté, un couple de jeunes Allemands, à pied et sac à
dos, avec lesquels je m'entretiens quelques minutes. Ils se balladent donc
à pied et en stop, avec d'énormes sac à dos; très
sympathiques eux aussi.
Cette journée reste pour moi inoubliable! La
Serra, les dunes, le marais, les dauphins, les cigognes, les cactus...
166 photos, 175 km. Quand même, presque une
photo au kilomètre. J'exagère quand même un peu!