De Uscie Gorlickie à Zuberec (Pologne et Slovaquie) 48ème jour
Mercredi 14 juin 2006 - 48ème jour - 237 km - 209 photosDe Uscie Gorlickie à Zuberec (Pologne et Slovaquie) |
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Lever vers 7 h, je pensais partir vers 8 h, vu que je n'ai que quelques affaires à ranger, pas de tente à plier, rien... mais ça ne change rien, je pars à 8h50! En fait, ce n'est pas le fait de plier la tente qui me prend tant de temps, c'est tout simplement ma lenteur! Le proprio est venu dans la cuisine sans frapper, ce qui ne m'a pas trop plu, mais bon... Puis je l'ai entendu aller inspecter le premier étage; bon c'est sa propriété, c'est normal qu'il vérifie. Il était heureux de me dire que les français n'avaient fait que zero-zero contre les suisses (coupe du monde de foot). Comme je m'en moque, je lui ai dit que j'étais très heureux de ne pas avoir perdu deux heures de mon précieux temps de vie à regarder ça pour un tel résultat! Ce que je pense: ils devraient augmenter la largeur des buts de au minimum 1 mètre, comme au moins, des buts, on en aurait. C'est rendu à un tel point, un but a une telle importance, une telle valeur marchande, que les équipes ne jouent plus, ferment le match, tout le monde a peur, tremble dans sa culotte dans la seule idée de se prendre un but. Or, si un but pouvait être marqué facilement, comme en hand-ball par exemple, ou au basket, on assisterait au moins toujours à des matches plutôt que des anti-matches! Je suis heureux de la louper, cette coupe du monde, au moins, je ne suis pas dérangé par les réflexions, et je peux parler ouvertement sans risque de me faire luncher, car il y a des tarés, dans ce domaine... Les gros majors qui ramassent l'oseille l'ont bien compris, eux, et se frottent doucement les mains! En partant, le proprio me dit: vous savez, ce soir, on va se faire éjecter proprement par les allemands...
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Ah, il me dit aussi: votre route, les dix premiers km, une horreur, une catastrophe: prononcez Katastrôôphe. C'était le cas: la route est défoncée, mais malgré tout, je préfère ça aux parties en travaux sans asphalte des pays baltes... 12 degrés, c'est la température ce matin; une belle chute! Nuages gris et noirs, petite pluie intermittente, oui oui! Vraiment, je n'arrive pas à avoir le grand beau temps dans ce voyage, c'est toujours mitigé! Après avoir longé le lac Klimkowka et traversé le village portant le même nom, je bifurque vers le sud-ouest en direction de Brunary. C'es en arrivant dans ce village que je vois cette vielle église avec des vaches en train de tondre la pelouse...
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Je suis toujours sur des routes secondaires. Ici, juste avant de rejoindre la route 981 près de Florynka.
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Une fois sur la 981, je roule plein sud en direction de la Slovaquie.
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Je passe Krynika: il y a un monde fou, des tas de touristes. Que je vous explique: il s'agit d'une ville thermale, avec des tas de gens emmenés par bus entiers pour des cures, comme en France dans les Pyrénées et dans les Vosges. Donc, des tas d'hôtels, de pensions, de villas à louer. Je croise aussi pas mal de soeurs catholiques en habit traditionnel. Bref, une file infernale que je suis très content de quitter. La route, après avoir été très belle, redevient très moche, et le paysage est également moche. Traversée de Powroznik, puis Muszyna que voici, sur la jolie rivière Poprad. Cette région fait partie de la voïvodie de Petite-Pologne. Le nom de la voïvodie fait référence à la région historique de Petite-Pologne (Małopolska). L'architecture de bois (plus particulièrement, des églises) de Petite-Pologne fait partie du Patrimoine mondial de l'UNESCO
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La route longe la Poprad, qui sert un peu plus loin de frontière naturelle avec la Slovaquie.
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La Slovaquie est sur ma droite, et la Poprad également, cachée ici par les arbres. A ce moment-là, je ne savais pas du tout que la route longeait la frontière, ma carte n'étant pas assez détaillée. Je vous livre donc mon carnet de notes écrites ce jour-là. Et je tombe soudain sur un poste frontière (c'est celui de Leluchow) ! Mais que fait-il ici, celui-là? En effet, je dois normalement continuer un bon moment en Pologne, du moins c'est ce que je prévoyais. Une dame est en train de ramasser de l'herbe avec un rateau sur le bord de la route, je vais la questionner. Elle ne parle pas un seul mot d'une autre langue que la sienne, mais est extrêmement gentille; elle va en chercher une deuxième dans une voiture, puis une troisième arrive... Je finis par voir où je suis, je me suis trompé évidemment. Mais je veux maintenant savoir si la portion polonaise que je voulais faire vaut vraiment le coup. Pas facile de me faire comprendre, mais j'y arrive finalement, pour apprendre que non, c'est moche -je m'en doutais-, il vaut très nettement mieux aller en Slovaquie, quitte à revenir un coup en Pologne pour la ville de Zakopane, dans les Tatras. Ce matin, j'ai demandé la même chose au proprio, et il me dit, en me montrant la Slovaquie, vous savez, autre pays... Ben oui, c'est un autre pays, ça, je le sais. J'ai bien compris le message: la Pologne est mieux... Ils sont bien tous pareils, chauvins pour leur pays (nous aussi, c'est très humain); les femmes ont été plus honnêtes, et ça correspond à ce que je voyais finalement sur la carte, les hauts sommets sont du côté slovaque. Je passe en Slovaquie. Et je retrouve aussi les belles églises, comme hier!
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Plavec sur la route 68.
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Plavnica,toujours sur la route 68.
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Au loin, j'aperçois le château de Stara Lubovna sur son éperon rocheux.
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Paysage autour de Stara Lubovna.
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Je suis maintenant arrivé aux portes de la petite ville de Stara Lobovna.
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Zoom sur le château de Stara Lubovna.
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Je décide d'aller changer un peu d'euros en couronnes slovaques (SKK) à Stara Lubovna. Je vais donc dans une banque sur la place centrale de la petite ville. Un flic avec pistolet apparent, nickel, riche, à côté du reste... Je n'ai pas ouvert la bouche, le gars au comptoir -complet, cravate- avec un beau sourire, me dit en anglais "allez changer 2 bâtiments plus loin, vous serez gagnants, car nous, on prend une commission de 1%. Je suis sidéré. J'ai autant l'air d'un touriste? Oui, oui, me dit-il en riant. Toujours méfiant, je lui demande pourquoi il me donne ce tuyau, c'est mauvais pour son patron. Il hausse les épaules, et me dit, c'est pour vous! Je lui demande son chiffre pour 50 euros: 1836 SKK. Je vais à côté, et je reçois 1883... Je retourne le remercier, vraiment très très sympa. Sur le trottoir, il y a deux sortes de populations: les slovaques, et les tziganes. Ils sont faciles à reconnaître: on dirait, très franchement, des indiens -de l'Inde. J'avais lu -justement dans le livre de Nicolas Bouvier que je lis pendant ce voyage- que les tziganes étaient originaires de l'Inde. Je confirme, c'est proprement hallucinant. Comme ça fait bien des siècles qu'ils sont venus dans cette partie de l'Europe, ils n'ont vraiment pas dû se mélanger beaucoup avec les autochtones! En tout cas, ils semblent bien plus pauvres que le reste de la population, je les vois traîner sur les routes, je me demande bien de quoi ils vivent!
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Très belle façade d'une maison se trouvant près de la banque.
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Je reprends la route; il pleut par ci par là, c'est trop dommage ! Ici, le village de Hniezdne.
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C'est maintenant la route 77. Les villages se suivent au gré des méandres de la rivière Poprad. C'est très joli. Ici, Nizne Ruzbachy.
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J'aperçois soudain quelque chose qui me fait un énorme plaisir: la neige! Oui, les Tatras arrivent, ou plutôt je m'approche des Tatras, dont les sommets fleurtent avec les 2600 mètres: ce sont de hautes montagnes. Les Tatras (en polonais et en slovaque : Tatry au pluriel ; le "s" du pluriel en français ne se prononce pas) sont une chaîne de montagnes à cheval sur la frontière entre la Pologne et la Slovaquie. Il s'agit de la partie la plus élevée de la chaîne des Carpates. La portion la plus étendue ainsi que les plus hauts sommets sont situés en Slovaquie. On les retrouve stylisées sur les drapeaux nationaux slovaque et hongrois dont le plus grand des trois monts symbolise les Tatras. Ils sont aussi le sujet de l'hymne national slovaque Nad Tatrou sa blýska.
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Et toujours de très belles églises, comme ici l'église Ste Anne, un peu avant Podolinec.
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Et voici Podolinec, qui possède plusieurs autres églises !
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Un peu plus loin, dans Podolinec.
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Les cigognes sont là aussi.
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Les Tatras vues depuis la route 77 à hauteur de Podhorany.
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Un peu plus loin, entre Busovce et Spisska Bela, autre vue sur les Tatras.
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La route 77 longe donc les montagnes Tatras que je vois dans le lointain, et passe au travers d'une large vallée très cultivée, et donc très colorée. Les contrastes sont superbes, je manque seulement de soleil...
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Puis je bifurque sur la route 67, à la sortie de Spisska Bela, qui se dirige vers les Tatras.
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Comme c'est beau.
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Décidément, les montagnes apportent instantanément du relief au voyage, hi hi hi....
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Je décide de me payer le restau, j'ai faim, et les prix doivent être corrects. En effet, j'en aurai pour 175 SKK pour une grande côtelette avec une bonne assiétée de pommes de terres et mon demi-litre de bière (4,60 euros). A la table à côté de moi, des jeunes discutent ferme, et je sens que mon scooter est un peu de la conversation. Mais personne n'ose me parler. Je leur fais un grand sourire et les salue en partant, et ils osent enfin me questionner. J'étais déjà sur le scoot... Je reviens alors à leur table, l'un d'entre eux parle anglais, et on discute pendant bien 1/4 d'heure. Je repars avec leur adresse -pour la carte postale- et ils ont relevé mon site web Super sympas. Voilà mes 4 lascars. Celui à droite est le patron du restau, et voulait absolument me faire trinquer au schnaps, ce que j'ai absolument refusé. Voilà le problème des êtres humains: on se regarde, on s'observe, l'autre fait peur, on n'ose pas... Et quand on sourit, tout s'éclaire, une fois de plus. Comme je l'aurai souvent constaté, pendant ce voyage, surtout que, moi-même, je fais l'effort de le faire! Génial.
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Je décide de faire le tour des Tatras; en effet, aucune route ne s'enfonce dans ces montagnes, on peut seulement tourner autour, en Slovaquie et en Pologne. Je vais donc faire la grosse et plus belle partie slovaque aussitôt, pour terminer en Pologne ce soir, ou à nouveau en Slovaquie, c'est selon, puisque de toute façon, je reviendrai obligatoirement en Slovaquie pour poursuivre ma route vers le sud-ouest.
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Je roule donc sur la 537, vers l'ouest. La route contourne donc les Tatras, et j'ai à droite la haute montagne, et à gauche, la plaine, l'immense plaine que l'on domine de quelques centaines de mètres. C'est très curieux. Mais la forêt est toute arrachée sur plusieurs centaines de mètres de profondeur vers la haute montagne, ce qui rend les paysages beaucoup moins beaux, et je ne voudrais pas finalement aller marcher sur ces chemins que je vois, sans aucun arbre... Petite déception pour ça. En fait, je viens de trouver l'explication sur Internet. Le 19 novembre 2004, un vent venant du nord a soufflé entre 15 h 30 et 18 h. La vitesse la plus élevée fut enregistrée à la limite amont de la forêt à une altitude de 1 480 m à 230 km/h. Cette tempête a laissé à nu une bande large de 2 à 5 km et longue de 40 à 50 km sur le versant sud des Hautes Tatras. La superficie totale de la zone endommagée est de 12 600 ha pour environs 2,5 millions de stères. Les conséquences sont toujours visibles actuellement. Outre le fait que le couvert végétal mettra des années à se reconstituer et que le versant sud des montagnes présente toujours un paysage découvert, une nouvelle menace est apparue sur les arbres ayant résisté à la catastrophe. Bien que le massif se situe dans une zone protégée, les arbres tombés ont été enlevés. Dans certaines zones de forêts inaccessibles en particulier dans la vallée de Tichá dolina, ce travail n'a pas pu être fait. Les insectes xylophages se sont multipliés dans les parties dévastées et laissées en friche avant de se répandre sur les forêts ayant résisté au désastre.
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Les quelques villes que je vais traverser sont vraiment des villes dortoirs à touristes, bondées de pensions et hôtels, touche à touche.
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Par contre, le temps devient plus lourd, plus orageus, et la température remonte finalement à plus de 20 degrés, tout en éloignant la pluie. Ouf.
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Ici, juste après Stary Smokovec (Vysoke Tatry).
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Superbe chalet dominant la grande plaine d'un côté, la chaîne des Tatras de l'autre.
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Je le trouve très réussi. Il me fait penser à un chalet autrichien, sans doute à cause des décorations.
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Je vous laisse admirer ces montagnes aux pentes très abruptes.
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Un peu après Vysne Hagy.
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A première vue, les sommets doivent être difficiles à atteindre !
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Pribylina. Coup d'oeil arrière sur les Tatras. je commence à redescendre vers la plaine.
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La route s'éloigne maintenant de la haute montagne, que je contourne pourtant au plus près, mais je ne peux faire mieux. Le détour est assez important. Je retrouve les villages de la plaine, avec les gens en train de ramasser et faire sécher l'herbe. Ici, à Vavrisovo.
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Ils ont des bâtis en bois tout près pour fabriquer les meules de foin, je ne comprenais pas à quoi servaient ces petites constructions. En fait, elles facilitent la mise en place de l'herbe, tout en en permettant le séchage. Ingénieux et certainement très très ancien...
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Toujours à Vavrisovo.
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Juste après, sur la D1, entre Liptovsky Peter et Liptovsky Mikulas.
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Après Liptovsky Mikulas, je prends la 584, qui longe le beau lac Liptovska Mara.
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Les Tatras sont toujours là.
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La route s'élève à nouveau en direction de la Pologne, donc vers le nord. Et cette région, que je croyais banale -vu sur la carte- est absolument splendide, et je tombe littéralement sous le charme. JJ, lui, va bosser un peu: épingles à cheveux et surtout une très très belle grimpette qui va lui faire cracher toutes ses cigarettes... Il descend à 35 km/h, c'est vous dire! C'est SPLENDIDE.
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Iic, on pratique la culture intensive !
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Superbes contrastes entre les champs cultivés du premier plan et les Tatras au loin. A noter l'anomalie : les arbres ont disparu....
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Liptovsky Trnovec.
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Liptovsky Trnovec.
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Au nord du lac, Lipstovsky Sielnica.
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Les contreforts des Tatras autour de Lipstovsky Sielnica.
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L'église de Lipstovsky Sielnica.
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Dans les lacets au-dessus de Liptovsky Matiasovce, toujours sur la 584. On aperçoit le lac Liptovsky dans la plaine.
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La route redescend maintenant vers Zuberec.
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Vue sur le village de Huty en contrebas.
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Arrivée à Zuberec.
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Travaux sur la charpente.
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J'allais continuer vers Zakopane et la Pologne, quand soudain je vois "café internet". Vous me connaissez, j'y vais. En fait, c'est une maison individuelle, dans une petite rue perpendiculaire à la principale. Malheureusement, porte fermée à clef, j'appuie sur un bouton à côté -peut-être une sonnette? Non, rien ne se passe, je remonte sur le scoot, quand une porte de grange s'ouvre et une jeune femme me fait signe que c'est ouvert, pas de problème! Chance! Et c'est parti. Une fois ma connexion terminée, ma décision est prise: je vais rester ce soir dans ce village, tout me plait ici. Je demande à la fille si elle connait une maison louant des chambres? Mais oui, on a des chambres, venez voir... Et je vais voir: cuisine immense, chambre immense, toilettes et douches parfaites, elle me met le chauffage à 19 degrés direct. Le prix: 250 SKK. OK? Je prends la calculette, je vois 6,60 Euros... je rêve, non? C'est bien ça. OUI, JE PRENDS, merci.
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Eh bien, les amis, vous aurez le privilège de la photo de mon bureau de travail ce soir, sur lequel je vais écrire ce petit récit. Et le pire, c'est que, au-dessous de moi, c'est internet jusqu'à 22 heures... Je vais vous le poster dès ce soir, bande de veinards! Impressionnant, non?
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Petite visite de mes appartements. La cuisinière.
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La chambre.
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Sur un mur, la carte des Tatras (Tatry au pluriel, chez eux). Et demain, j'irai voir Zacopane en Pologne...
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